Mesdames et Messieurs,
La politique est un monde rude, où les trahisons sont monnaie courante, où les assassinats sont la norme. Il faut une bonne carapace, et c’est ce que je m’efforce de faire. Mais sous la carapace, il y a un homme, qui doit supporter ce qu’il supporte aujourd’hui.
J’ai souhaité réserver au Conseil municipal d’Aubusson mes déclarations concernant le redécoupage des communautés de communes creusoises, et la situation particulière de Creuse Grand Sud.
J’ai conscience que mon silence ces derniers jours a pu troubler, alors que le déchainement politico-médiatique –je crois qu’il n’est pas excessif de parler de véritable lynchage- atteignait un paroxysme hallucinant.
Le mensonge et la calomnie sont instantanés ; la vérité a besoin d’un peu de temps. J’ai choisi de prendre ce temps, et j’en paye le prix. L’épreuve est vraiment très difficile.
Je reviens aux faits. Je me suis prononcé très rapidement en faveur du schéma initial du Préfet qui prévoyait quatre communautés de communes. Je partageais avec lui l’idée qu’il n’était pas raisonnable de faire abstraction de l’évolution du contexte régional de la Nouvelle Aquitaine. Des communautés de communes de taille modeste ne seront pas reconnues comme l’échelon pertinent de contractualisation par la Région, ce que nous a confirmé Gérard Vandenbroucke, 1er Vice-Président de la Nouvelle Aquitaine le 16 septembre dernier à Aubusson. Il a évoqué deux contrats territoriaux seulement pour toute la Creuse, et ne s’est pas engagé du tout sur le financement d’une ingénierie de territoire, semblant considérer que cela relèverait désormais de la seule responsabilité des communautés de communes.
Je partageais également avec monsieur le Préfet l’idée que ce redécoupage devait logiquement s’appuyer sur les Pays existants, où des habitudes de travail, sur des thématiques et des territoires très similaires d’une comcom à une autre, s’étaient forgées depuis longtemps.
Il me semblait que le Sud de la Creuse, moins naturellement doté d’outils de développement économique et plus à l’écart des axes majeurs de communication que le nord du département, se devait d’être au rendez-vous de cette réforme territoriale. Le résultat, c’est que le Nord y est bien présent, et que le Sud voit s’éloigner le train de l’avenir.
Je dénonce avec force les manœuvres politiciennes qui conduisent à l’isolement de Creuse Grand Sud, parce qu’il fallait absolument m’isoler, moi. Je dénonce, et ce n’est pas la première fois, les agissements agressifs à mon égard du sénateur Lozach, à la manœuvre dans cette affaire, et l’alliance politicienne de circonstance entre la gauche socialiste et la droite creusoise, qui, elle, a sacrifié son futur candidat aux législatives, Laurent Daulny. Au passage, je n’ai pas compris les motivations du 1er vice-président de Creuse Grand Sud, qui a voté en faveur de ce schéma, contre la position du Conseil Communautaire, et contre les intérêts de son territoire.
Chacun sait que j’ai quitté le Parti Socialiste en mars dernier, en désaccord avec la manière dont Jean-Jacques Lozach n’avait pas respecté le mandat que les socialistes creusois lui avaient confié en cdci, autour d’un projet à 5 communautés de communes. J’étais donc redevenu un homme libre (si tant est que je n’ai jamais cessé de l’être), susceptible d’être candidat aux législatives. Il fallait donc m’abattre.
Je n’accepte pas qu’un tel acharnement se fasse au détriment d’un territoire et d’une communauté de communes, qui supporte des charges de centralité au bénéfice de tout le sud Creusois, et parfois bien au-delà. Dernier exemple en date, Aquasud, la piscine intercommunale, dont le succès dépasse les espérances (plus de 100.000 entrées prévisibles sur la 1ere année d’ouverture, pour un prévisionnel de 74.000). On vient de loin pour profiter de ses équipements : de Pontarion, d’Ahun, de Bourganeuf, de Bellegarde en Marche, de Guéret… A qui fera-t-on croire que le sud creusois peut se développer en isolant la sous-préfecture ? C’est pourtant ce à quoi s’emploient ceux qui sont déjà comptables de la défaite aux élections cantonales dernières.
Moi, ce qui m’intéresse, c’est de me battre pour les gens. Qui ira contester les réalisations intervenues sous mes mandats ? Pôle enfance et création de Clé de contacts, Maison de l’emploi, parking et passerelle Philips, Cité de la Tapisserie, gare routière, maison des sports, voirie intercommunale, station d’épuration, réfectoires scolaires, CLSH, vestiaires des stades, voirie du centre-ville, piscine intercommunale, Pont de la Terrade, extension de la zone d’activité du Mont, pavillons Creusalis, rond-point et aménagement des accès à la zone, parking poids lourds… la liste est longue et non exhaustive.
Je suis un homme qui a des convictions, des principes, et surtout une éthique.
J’avais dit il y a six mois que je ne resterai pas à la présidence, si Creuse Grand Sud était écartée de toute fusion. Je l’avais dit, à mes vice-présidents d’abord, en conférence des Maires ensuite, considérant que je me devais de m’effacer si c’était ma personne qui faisait obstacle. Tous l’avaient refusé. Je suis resté fidèle à la ligne de conduite, que je m’étais fixée, dans des circonstances difficiles que j’aborde maintenant.
Fin juin, Robert Cuisset et moi découvrons la réalité d’une situation financière de la comcom très compromise, et dont la réalité nous a été soigneusement cachée. Aucune alerte ne nous est parvenue, pas plus qu’aux autorités de tutelle.
Les agents de la comcom trouvent des courriers à mon attention jamais remis, des dossiers portés disparus, des conventions éparses. Ils s’aperçoivent également que ma signature a été scannée, et manifestement utilisée à mon insu pour signer des délibérations. Depuis que je suis élu, je n’ai jamais eu recours à la moindre signature électronique. J’ai toujours signé moi-même tous les documents, délibérations, arrêtés, convocations, ce qui en 15 ans représente des milliers de signatures.
J’ai alerté immédiatement les services de l’Etat, Préfet en tête, direction départementale des finances publiques, chambre régionale des comptes. Nous les rencontrons à plusieurs reprises. Ils nous apportent leur soutien, en mobilisant les fonctionnaires de l’échelon régional spécialisé de la Direction des Finances publiques à Bordeaux. Une réunion de première restitution est prévue le 12 octobre prochain avec eux. Nous leur remettons une note sur la situation financière, et nos difficultés à faire face à nos engagements vis-à-vis de nos fournisseurs. Les vice-présidents sont informés toutes les semaines de la situation. A noter l’absence régulière du 1er vice-président Letellier, et son absence de manifestation d’intérêt. J’ai été interloqué de lire aussi que certains vice-présidents considéraient qu’il n’y avait que des fragments de bureau. Le bureau se réunissait toutes les semaines, et tous les sujets étaient abordés, y compris à la demande des vice-présidents !
Dans le même temps, j’ai cherché des solutions pour retrouver le chemin de l’équilibre. La comcom possède des actifs valorisables, dont on peut envisager la cession, notamment le Foyer d’Accueil Médicalisé de Gentioux. J’ai rencontré, accompagné par Jean-Luc Léger, le président de l’Apajh, locataire de cet équipement, dont nous venons de terminer l’agrandissement, qui ne s’est pas montré hostile à cette éventualité. D’autres pistes sont également à étudier, que j’ai exposé à plusieurs reprises en juillet dernier aux vice-présidents.
Lors de la dernière séance du Conseil Communautaire, à laquelle je n’assistais pas, a été produit un document que j’ignorais.
Il s’agit d’une délibération de bureau portant sur une ligne de trésorerie, en date du 27 août 2015, qui porte une autre signature que la mienne.
J’affirme qu’il s’agit là d’un faux. J’étais absent d’Aubusson à cette date, en vacances en Italie et dans le sud de la France. J’ai repris mon activité le lundi suivant. J’ai donc décidé de porter plainte contre ce faux manifeste en écriture publique.
De la même manière, je poursuivrai tous ceux qui se livrent à de la diffamation à mon égard.
Ce nouveau cadre me conduit à réserver les autres informations dont je dispose.
Enfin, et je veux provisoirement conclure par deux choses.
-le climat insupportable avec lequel Thierry Letellier a dirigé le dernier conseil communautaire, en organisant la salle, avec les mêmes qui nous avaient salis pendant trois heures le 30 septembre 2014. Premier vice-président, il est comptable lui-aussi de la situation, car un exécutif, c’est une responsabilité collective. Il ne m’attaque que pour exister et s’en affranchir. Je me rappelle, et tous les vice-présidents aussi, que le lendemain de cette funeste séance du 30 septembre 2014, au cours de laquelle il avait demandé ma démission, nous étions l’après-midi en réunion d’exécutif. Je lui ai alors indiqué que je n’avais nulle intention de démissionner, et je lui ai demandé qu’elles étaient ses propres intentions, après son putsch raté. Entre l’honneur et l’indemnité, il a choisi l’indemnité… Je regrette de lui avoir laissé le choix. Il est indigne de rester vice-président, et il serait indigne qu’il soit proposé d’être reconduit.
La démocratie participative, ce n’est pas quand 60 personnes dictent leur conduite aux représentants de 14.000 personnes.
-Enfin, j’ai tracé les pistes de redressement que le prochain président pourra mettre en œuvre. Je suis prêt, s’il (ou elle) le souhaite, à échanger sur ce sujet.
Dans cette épreuve, je remercie les personnes nombreuses qui m’ont fait part de leur amitié et de leur confiance. Je tiens à distinguer particulièrement Robert Cuisset, vice-président en charge des finances, dont la bonne foi a manifestement été abusée, et qui malgré cela, a assumé ses responsabilités jusqu’au bout. C’est suffisamment rare pour être souligné. Comme moi il traverse une épreuve, et je veux lui témoigner de mon affection et de mon respect. Le silence des autres vice-présidents, candidats à leur propre succession, m’épargne des mots inutiles. Je les plains de leur imposer le difficile exercice qui consiste à expliquer que demain on fera tout, sans faire croire qu’on aurait pu faire ce qu’on n’a pas fait, et que du coup on n’est responsable de rien, et surtout pas de ne pas l’être. L’indemnité, plutôt que la légitimité…
J’adresse aussi mes remerciements et ma reconnaissance au personnel de la Communauté de Communes. Pour beaucoup, je les ai recrutés. Eux aussi vivent des moments difficiles, où ils font preuve d’un engagement au service de la collectivité remarquable. Je veux leur dire combien j’ai apprécié de travailler avec eux et combien je suis triste de les avoir quittés. Avec eux, nous avons fait progresser ce territoire.
Mesdames et messieurs les Conseillers,
La seule chose qui appartient vraiment à un homme, c’est son honneur. J’ai mis un point d’honneur dans tous mes mandats à servir mes concitoyens. Je me bats désormais pour défendre ce qui m’appartient.
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